“Le jour-même de son départ pour l’autre monde, Moïse réunit les Bnéi Israël, du plus grand Prince de tribu au plus modeste parmi le peuple et les fait se tenir solennellement devant lui. C’est un moment charnière : les Hébreux s’apprêtent à entrer en Erets Canaan et Moché passe le flambeau à son successeur, Josué. Moïse doit les renforcer, mentalement et spirituellement, pour les prochains jours à venir mais aussi pour qu’ils puissent conserver leur identité et leur unité jusqu’aux temps de la Délivrance messianique. C’est au peuple dans son ensemble que Moïse s’adresse, en cela que le peuple doit faire front pour chasser celui qui, en son sein, pourrait rejeter l’Alliance, retourner aux idoles et compromettre ainsi la pérennité du peuple de D.ieu”.
Extrait de : UNE ANNÉE AVEC LA CABALE. SECRETS DE L’ÂME ET DU TEMPS en vente sur
LIRE LA SUITE – NITSAVIM
“Il s’agit notamment de les réunir tous ensemble une dernière fois, avant que la guerre ne les sépare, avant que les tribus ne se scindent et que chacune gagne sa portion de territoire, avant que les tribus elles-mêmes ne soient divisées en familles, réparties chacune dans leurs maisons et leurs champs individuels, chacune occupée à travailler sa propre terre.
Au-delà de cette mise en garde portant sur la communauté, Nitsavim s’adresse à chacun de nous. Moïse doit faire choisir chaque Juif d’entrer définitivement dans l’Alliance, depuis ce jour et ce, pour toujours. L’image est forte. C’est un éternel présent, une éternité chaque instant renouvelée. Que pourrait-il exister de plus puissant, de plus engageant, de plus irréversible qu’une alliance volontaire avec D.ieu ? Il s’agit de s’engager à observer Ses commandements, à être fidèle aux valeurs divines, à prendre les bonnes décisions, à toujours choisir le Bien, le Bon, la vie. Aujourd’hui et à jamais.
La Torah dit היום ha yom, aujourd’hui. Ici, il faut entendre « Roch ha Chana », le premier jour de l’année. C’est le Jour de l’An juif que, chaque année, le peuple juif dans son unité retrouvée se tient devant D.ieu pour " couronner le Roi ", autrement dit, pour reconnaître la supériorité de D.ieu sur nos vies, en tant que peuple, et chacun de nous, en tant qu’individu. Un Yom Tov de dévoilement divin. Si cela n’était, le monde retournerait au néant.
Aujourd’hui, Jour de l’An juif, mais aussi aujourd’hui dans ma vie, ici et maintenant, ce jour-ci dans mon existence ainsi que chaque jour qui suivra. Puisque la spécificité du Juif, c’est de se tenir toujours et à chaque instant devant son dieu. Avec sa communauté ou sans elle, seul dans son infinie liberté ou lié par tous les liens de la communauté d’esprit, de lieu, de temps et d’identité. Avec ses qualités personnelles, sa couleur unique, sa voix singulière, tout autant qu’être indistinct participant d’un ensemble uni.
Moïse s’adresse à tous et à chacun. Il veut pouvoir déclarer l’unité de l’ensemble et l’engagement individuel de chaque homme. Et au-delà de ceux qui sont présents en ce jour solennel, il s’adresse, par devers eux, aux générations futures, à nous-même, à chacun de nous aujourd’hui. C’est sûrement la paracha la plus émouvante, la plus vibrante d’amour et de foi pour le Créateur. Là, en cet instant, le peuple dans son unicité et chaque homme en son cœur, est connecté à l’Essence divine par l’entremise de Moché, le Berger fidèle.
C’est important de pouvoir distinguer. Nous comptons en tant que peuple, chaque être juif fondu dans le collectif s’effaçant et participant à la constitution de l’entité unifiée. Et tout autant, chacun est unique et brille par sa nécessité, sa singularité irréfragable. Le Juif ne se tient jamais seul. Il est indissociable de son peuple.
La paracha Nitsavim évoque ainsi en filigrane la relation de l’individu juif à son peuple et son engagement, sa fidélité dans le temps, pour l’éternité, à ce collectif, כֹּל אִישׁ יִשְׂרָאֵל col ich Israël, chaque homme, chacun parmi le peuple, destin personnel et destin collectif irrémédiablement liés. Comme s’il n’y avait d’existence possible que par ce lien de l’un au tout.
Chacun compte devant le Créateur, chacun a une valeur, même le tout petit enfant, même le guèr, l’étranger qui n’a ni terre ni métier, celui-ci aussi compte. Bien que tout en bas de l’échelle sociale, loin des Princes des tribus, il est compté car il se tient lui aussi debout devant son Créateur en cet instant, chaque jour et pour l’éternité. Il se tient droit, avec un sentiment d’indépendance absolue, celle de considérer son Créateur et de rechercher cette rencontre et cette reconnaissance.
C’est cela être Juif. Savoir que, quelle que soit la valeur que la société nous accorde, très élevée ou insignifiante, se sentir en son for intérieur d’une très grande valeur aux yeux du Créateur. C’est cette certitude indéracinable qui fait tenir le Juif debout, dans sa solitude, et qui le fait tout autant se sentir l’égal de ses congénères lorsqu’il est en miniane ou au sein d’une importante communauté. Il est immense et il n’est rien, rien d’autre que l’égal d’un autre Juif. Car chaque Juif détient dans son cœur une parcelle de Lumière divine.
Ce sentiment ne remet pas en question les réalités sociales : il existe un roi, des princes, des chefs, des tsadikim, des maîtres, toute une hiérarchie sociale et celle-ci a une réalité également, une valeur en soi. Tous égaux ontologiquement, dans notre essence et tous différents par nos attributs, nos expériences et nos connaissances. Nous dévoilons chacun chaque jour un peu plus notre personnalité unique, cette lumière particulière que le Créateur veut voir s’exprimer dans sa singularité. Ma couleur, ma musique, ma grâce particulière, si différente de la tienne.
Devenir qui l’on est : creuser, chercher, construire, oser se dévoiler, en découvrant au fur et à mesure du chemin parcouru que je suis profondément seul, en ne l’étant jamais. Toujours différent et toujours relié à mon peuple, parcelle de l’Unique. Parcelle. Unique”.
Illustration : promenade - 2014 - Andre Schmucki
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