“Contrairement à ses frères, Joseph n’est pas un berger. Il n’est pas dans la gratuité de l’instant et la pure contemplation. Il est né pour agir et préparer l’avenir proche, celui de ses frères en Égypte fuyant la famine et l’avenir lointain du peuple juif en exil après la destruction du Temple. Yossef est le "Maître de l’exil", il donne la mi’heya, de quoi se sustenter : les conditions de subsistance spirituelle des Juifs déracinés. Il représente l’intégration du corps du Juif dans l’exil et l’exil n’a pas d’emprise sur lui. La figure de Yossef nous enseigne qu’un tsadik – et aujourd’hui nous pouvons tous l’être – est toujours au-dessus des conditions de son exil, même lorsque sa vie est celle d’un être que l’on a mis à terre. C’est l’autonomie qu’il faut conserver dans notre judaïsme, quel que soit notre environnement en galout. C’est un appel à ne jamais se sous-estimer”.
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“Yossef représente l’intégrité morale, la conduite imperturbable, la liberté de choisir son judaïsme que le Juif exilé doit conserver au long des siècles, loin de sa terre, parmi les nations. Garder la tête haute et l’estime de soi, en tant que Juif dans le vaste monde.
Lorsque ses frères jettent Yossef dans un puits – qui symbolise la chute d’un monde spirituel vers la dureté du monde matériel, où l’âme divine est arrachée de sa source – ils accomplissent cependant le plan divin. Plan qui, justement, consiste à faire "descendre" la spiritualité dans la matérialité du monde. La "descente" en Égypte est une autre chute vers les mondes de la Séparation. Et la prison en Égypte est une descente plus rude encore pour Yossef. Mais, en dernière instance, et quelle que soit la manière d’y parvenir, la sagesse doit descendre "jusqu’en bas".
Toute la parasha est inscrite dans un mouvement vertical du haut vers le bas. Le puits dans lequel Yossef est jeté, d’une certaine manière, dirige la vitalité intérieure. Yossef doit "descendre" en Égypte – une souffrance personnelle pour enlever une partie de la souffrance des Hébreux dans leur futur exil en Égypte. Pour Yossef ha Tsadik, descendre en Égypte, c’est comme descendre dans les mondes de la Séparation, les mondes de la mort, car placer une âme d’Atsilout dans le monde de Brya, équivaut à la mort.
Autre chose, si Yaacov était un "Yod-'Ekev" comme l’indiquent les lettres de son nom (la sagesse du yod descendue jusqu’au talon), Yossef quant à lui est un "Yod-Sof" : la sagesse divine accomplit tout le chemin, elle descend jusqu’au bout (sof), elle s’incarne totalement.
À un niveau plus ésotérique, la parasha VA-YE-CHEV nous parle de l’installation (du "YI-CHOUV") ici-bas du Daat, soit pour la Cabale, de l’unification de la ‘Ho’hma (la sagesse) et de la Bina (le discernement), la mise en place d’une nouvelle compréhension : une conscience du divin. Yossef n’a pas besoin de s’élever par le Daat puisqu’il est déjà "irrigué" jusqu’au Daat depuis le Keter. Lié au Keter, la Couronne, source du divin, associé au Yessod, il est Tsadik gamour, un Juste accompli, prêt à transmettre à la Mal’hout, à installer les choses dans ce monde-ci. Car il a, en plus de Yaacov, cette faculté fabuleuse d’aller vers le monde des hommes.
La parasha Vayechev surprend par sa simplicité par rapport aux précédentes : pas de miracles, pas de rêves complexes, rien de surnaturel. Juste le récit de la formidable ascension sociale d’un jeune berger, trop aimé de son père et jalousé par ses frères. Tout semble facile à comprendre, comme un album pour enfants. La simplicité de cette parasha n’est qu’apparente. En fait, il ne s’agit ici de rien de moins que de la mise en place des modalités de survie psychique et spirituelle du peuple juif exilé de sa terre, et donc le nôtre à chacun de nous dans cette vie.
Chaque terme employé dans le récit a une portée symbolique. Le récit lisible en dissimule un autre, qui nous parle cette fois des immenses enjeux pour le peuple juif dans son histoire exilique et de ses relations au divin. Nous pouvons alors approfondir les éléments du récit qui tissent une autre histoire, celle de tsadikim qui s’affrontent pour obtenir la bénédiction, dans un plan divin qui les dépasse, vecteurs de celui-ci mais dont le libre-arbitre n’est jamais exclu”.
Illustration : Sieger Köder
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