Alors, concrètement, comment cela se passe ces deux derniers jours pour nous à Netanya, qui sommes trop âgés pour être mobilisés ou donner notre sang, pas assez hébraophones pour êtres volontaires dans des structures de soin ? Nous nous proposons comme bénévoles à SAR-EL www.sarelvolontariat.org mais hier mon mari s'est vu refuser : les demandes étaient trop nombreuses בייה

Alors nous démontons nos souccot que nous n'avions pas eu le temps ou le coeur de ranger. Mon mari a fait du mieux possible la azkara de son père hier soir et ce matin (de nombreux hommes ont prononcé la prière du Gomel).
Sinon quoi ? Nous avions fait des réserves de nourriture non périssable depuis des mois "en cas de guerre" : farine, huile, sel, sucre, thé et café et conserves. Nous avons des réserves de bouteilles de gaz, et hier, j'ai rempli d'eau filtrée tous les récipients que j'ai pu trouver pour le cas où les cyber attaques viseraient les réseaux d'approvisionnement. J'ai préparé des sacs à dos avec de quoi tenir pendant 3 jours pour le cas où l'armée nous demanderait d'évacuer le quartier. Le plein de la voiture est fait et la batterie du vélo est chargée. Je m'avance dans toutes les tâches du quotidien pour ne pas être prise au dépourvu au cas où... C'est sans doute too much, mais je dois avoir de vieux atavismes de survie bien ancrés dans mes gènes et cela me rassure d'être prête à différents cas de figure.
Et puis nous prenons des nouvelles les uns des autres. Nous commençons à connaître des personnes dans notre entourage immédiat qui ont perdu un proche. Israël est tellement petit...
Nous nous calfeutrons dans nos maisons la nuit - il y a régulièrement eu des infractions par des Arabes pour voler des vélos, des voitures avant cette guerre alors ils savent comment arriver dans nos jardins par les champs. Nous disposons des armes blanches et des matraques à portée de main un peu partout dans la maison - cela va tellement vite quand cela commence... Nous redoutons l'éventualité d'une déferlante depuis Tulkarem de "zombies" comme je les appelle, ces Arabes qui se réjouissent du sang versé. Nous en avons encore attrapé deux ce matin en centre-ville.
Cela fait deux nuits et un jour que nous entendons les avions passer au-dessus de nos têtes dans l'axe nord-sud, presque toutes les 5 minutes. Ou des gros hélicoptères de transport de troupes. C'est réconfortant.
Les enfants ne sont pas à l'école. Les grues des chantiers en front de mer sont à l'arrêt - tous les chantiers d'Israël fonctionnant avec les ouvriers palestiniens des Territoires tout proches, fermés bien sûr. Les plages interdites.
Tout va bien ici, sauf la tristesse et l'angoisse qui s'abattent sur moi, sur nous, par intermittence, pour nos otages là-bas dans ce monde de terreur...
Ce matin, le ciel est couvert et cela fait du bien que la température baisse. Seulement 26° à l'heure où j'écris. Il faudrait arriver à se remettre à écrire, à étudier tranquillement.
Des membres de notre communauté partis passer Souccot au Maroc n'arrivent pas à rentrer faute de vols. Les vols El Al - les seuls à fonctionner semble-t-il - sont réquisitionnés pour ramener les soldats de réserve appelés en milouïm.
Alors, oui, nous pensons à vous, Juifs en France ou ailleurs. Et nous craignons également pour vos vies.
Un seul grand corps
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