Dans le droit fil de nos courts textes de cette semaine d'avant Noël, nous pouvons aussi exercer notre esprit d'analyse en employant les outils de la Cabale juive sur le thème des rois mages de la Nativité dans l'iconographie chrétienne :
Melchior מלכיאור mon Roi de Lumière
Balthasar בעלת עזר le Maître de l'Aide (?)
Gaspard גאספרד dont la valeur numérique est identique à celle de משה Moïse, le Libérateur + 3 (comme les rois mages)*
Rappelons-nous : les Rois mages seraient venus de l'Orient, guidés par une étoile (celle de la vision de Bil'am ?**), pour rendre hommage "au roi des Juifs" qui vient de naître et lui apporter des présents : or, myrrhe et encens. Que représentent symboliquement ces cadeaux royaux au Fils du Roi des Rois ?
Dans la pensée juive, l'or est l'attribut royal, émané du divin ; il relève des sefirot supérieures, les plus intérieures, du monde d'Atsilout.
L'encens est la prérogative du Grand Pontife qui officiait au Temple, incarné par Aaron, frère de Moïse, qui "s'habille" dans la sefira Gvoura, avec toute la rigueur et l'extrême précision dues à l'office divin.
Dans cette... triangulation, la myrrhe devrait donc être la plante de prédilection de la sefira 'Hessed, mais je n'en sais rien. Quoiqu'il en soit, la myrrhe était un cadeau précieux et bien utile en vue de la circoncision du Christ huit jours plus tard (le "1er de l'An" !), compte-tenu des propriétés astringentes, antiseptiques et cicatrisantes de cette plante exotique ! Que la myrrhe soit apportée par Balthasar "le Maître de l'Aide" et que celui-ci ait le visage sombre, la peau noire de ceux qui vivent dans les contrées sèches et désertiques où pousse le balsamier, c'est logique. Et on imaginerait aisément que Melki Or, mon Roi de Lumière, soit chargé d'or...
Encore une fois, je ne serai pas consensuelle. Tout, ici, n'est-il pas une construction ? Les symboles du christianisme ont tous été l'objet d'une réappropriation qui ne dit pas son nom, de réécriture. Il n'y aurait rien à en dire si les Chrétiens se contentaient de vivre leur vie dans l'ignorance et la béatitude. Le problème est la haine d'Israël, leur détestation des Juifs, qui les a animés pendant tous ces siècles et qui ne fait qu'à peine s'essouffler en cette fin des temps, faute d'armée du Christ, faute de combattants.
Personnellement, j'en ai assez de ces mensonges, de cette hypocrisie généralisée, de ces "dialogues inter-religieux et inter-culturels". Ce n'est rien de moins que du vol, du pillage culturel, du détournement massif de sens à l'échelle planétaire et ce, depuis des siècles et des siècles, pour que quelques uns prospèrent à travers une Eglise dévorante enrichie sur le dos de pauvres prêts à tout croire pour supporter l'inanité de leur destin.
J'aime les vrais Chrétiens parce qu'ils sont amoureux de l'Amour. Mais j'ai un problème avec l'Eglise. J'ai un problème avec l'Islam mais je respecte les Musulmans car ils sont les champions de la Loi.
Moi je suis Juive. On m'enseigne la voie du Milieu, celle qui réunit les contraires, l'Amour et la Loi. Qui veut faire la synthèse et tenir l'équilibre où se tient mon ancêtre Jacob, le Père des douze tribus d'Israël. Je cherche, j'étudie, j'apprends, je me fais confirmer, j'intègre, j'assimile et je transmets ce que je pense avoir assimilé. Faites de même.
J'ai écrit ces petits textes grâce aux enseignements du Rav Yaacov Ye'hezkel Corda, du Rav Yoël Benharrouche et des écrits de Eric-Daniel El Baze. Merci à eux d'éclairer notre chemin tortueux en cette fin des temps !
Ariela Chetboun est anthropologue et auteur. Toutes ses publications ici
* d'après l'enseignement d'Eric-Daniel El-Baze "Guinath. Les Jardins de la Kabbale"
** Nombres 24:17 :
אֶרְאֶנּוּ וְלֹא עַתָּה, אֲשׁוּרֶנּוּ וְלֹא קָרוֹב; דָּרַךְ כּוֹכָב מִיַּעֲקֹב, וְקָם שֵׁבֶט מִיִּשְׂרָאֵל, וּמָחַץ פַּאֲתֵי מוֹאָב, וְקַרְקַר כָּל-בְּנֵי-שֵׁת.
"Je le vois, mais ce n'est pas encore l'heure; je le distingue; mais il n'est pas proche: un astre s'élance de Jacob, et une comète surgit du sein d'Israël, qui écrasera les sommités de Moab et renversera tous les enfants de l'orgueil"
Illustration : Andrea Mantegna
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