“Pourquoi nos enfants ne nous ressemblent-ils pas, ou en partie seulement ? Pourquoi tous nos enfants ne sont-ils pas semblables, au moins entre eux ? Que transmet le père à l’enfant à naître ? Que transmet la mère ? Quelles midot, quelles mesures de l’homme, quelles qualités ? L’homme ne transmet pas ce qu’il est, mais le "fruit de son travail" durant sa vie. Autrement dit, il ne transmet pas son "capital de départ" dans l’existence, mais ce qu’il y a acquis au fil des années et des épreuves qu’il a rencontrées. Par exemple, Abraham était ‘Hessed, mais ayant combattu toute sa vie dans la Gvoura (au cours d’épreuves contraires à sa nature première), Abraham transmet à son fils son côté Gvoura. Isaac naît donc Gvoura. La parasha Toldot dite des "Engendrements" nous enseigne que "le côté gauche engendre le droit" et que "le côté droit engendre le gauche".
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“Autrement dit, les forces acquises durant notre vie grâce aux épreuves envoyées par D.ieu pour rééquilibrer notre nature première sont transmises à l’enfant à naître. Celui-ci en bénéficiera davantage que des forces innées de son père. Ainsi, l’enfant vient dévoiler les forces cachées de ses parents.
Toldot peut donc se résumer comme ‘la force du paradoxe, la force qui donne naissance à son contraire’. Quelle implication pour nous ? À travers les épreuves que la vie lui envoie, l’homme entier doit apprendre à nuancer et à mettre des limites.
Le rigoureux, dans sa réserve et sa prudence, doit s’exercer à l’expression. Le doux, l’amoureux de l’harmonie, bousculé dans sa réalité, doit apprendre à affronter les conflits et ainsi de suite.
Nos patriarches étaient doués d’un ‘intellect divin’, hors de la réalité de ce monde, d’une capacité à appréhender l’Infini hors du commun. Leurs sentiments, leur expression au monde est dans le ‘Hessed pour Abraham comme on l’a vu, dans la Gvoura pour Yitz’hak et dans Tiferet, la splendeur, l’équilibre, pour Yaacov.
Il y a une notion fondamentale à connaître pour comprendre les lignes de tension de l’histoire biblique et en particulier l’histoire de nos patriarches : le monde est structuré en deux lignes d’influence divine opposées, aussi nécessaires l’une que l’autre, ‘Hassadim versus Gvourot. On comprend qu’Abraham relève de la ligne des ‘Hassadim, le côté droit et Yitz’hak de celle des Gvourot, le côté gauche. Les premiers de chaque ligne ont été Abel (‘Hassadim) et Caïn (Gvourot). On retrouvera dans toute l’histoire juive ces deux courants qui avancent en s’opposant, comme l’école de Hillel (‘Hassadim) s’opposera un jour à l’école de Shammaï (Gvourot)*.
Ainsi, Abraham, tout ‘Hessed, don de soi absolu, générosité totale, expression et dévoilement, donne naissance à un fils, Yitz’hak, entièrement Din, Gvoura, son exact opposé : retenue, mesure en toute chose. Yitz’hak ressemble à sa mère, Sarah, qui se situe du côté gauche, dans le calcul et la limite, dans la Gvoura et aussi dans la Mal’hout".
*Deux écoles de pensée très divergentes dans leur approche de la loi juive (époque de la Michna)
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