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Israël, 8 janvier 2024

Ariela Chetboun

L’effraction à la source du vivant – ÇA ne passe pas. Cela fait trois mois depuis le 7 octobre et "ça", ça ne passe toujours pas. J’ai mis du temps à identifier ce qui ne passe pas. Puisque nos époux, en pensant nous protéger de nos terribles pensées veulent ignorer le sujet. Ils nous prennent silencieusement dans leurs bras pour nous consoler. Puisqu’entre femmes, non plus, nous n’en parlons pas. Nous jetons un voile pudique et nous disons « …avec TOUT ce qui s’est passé »… en essayant de ne pas y penser, de ne surtout pas imaginer, tout en essayant de deviner ce que l’autre évoque… « c’est horrible »…, tout en essayant d’intégrer à notre histoire collective ce qui s’est passé « pour ne pas oublier », tout en essayant d’être résiliente, puisqu’à moi, il n’est rien arrivé, tout en essayant de rester empathique, de ne pas s’emmurer dans un vide intérieur où je n’imagine rien du tout, tout en essayant de rester liée à mon peuple qui souffre comme moi, de continuer à écouter les informations, de ne pas perdre le fil pour être embarquée avec mon peuple, à la même vitesse d’assimilation des événements et de leur enchaînement que chacun d’eux. Tout en essayant de se raisonner : le VIOL en temps de guerre a toujours existé. C’est même « une arme de guerre », disent-ils : faite pour blesser, pour choquer et se "rémunérer", c’est un but de guerre et c’est le butin. C’est vieux comme le monde.


Mais moi je ne suis pas d’accord avec cette… "conception". Dans une guerre, on se bat, on est armé. On peut être blessé ou tué par d’innombrables moyens et de mille façons, mais on se défend et on attaque. Et l’on est rarement seul. Le viol, c’est bien plus qu’une arme de guerre parmi d’autre. Plus qu’un acte terroriste, plus que n’importe quel crime contre l’humanité. Un viol, c’est long. Le temps s’arrête et on ne sait pas quand cela va prendre fin. Ni comment cela va se terminer. On ne sait pas si l’on en ressortira vivante. Ou blessée, ou défigurée. On est horriblement seule et on est terrifiée. Un viol, cela fait mal et cela peut faire très mal. Le viol est douloureux pendant que cela se passe, et puis après. Il y a encore d’autres dimensions au-delà de la peur, de la solitude et de la douleur. Il y a la nudité exposée, la honte, l’humiliation d’être vue, regardée par un étranger. Et puis il y a l’affreux sentiment d’impuissance, le poids d’un corps qui peut étouffer. La rage de ne rien pouvoir faire pour changer le cours des choses qui vont arriver, qui arrivent… C’est comme un cauchemar : c’est terrifiant et cela semble ne jamais pouvoir s’arrêter.


Si je n’ai personnellement pas souvenir d’avoir été violée dans ma vie actuelle, ma mémoire trans-générationnelle de Juive a malheureusement enregistré quelque part ce maelström d’émotions ! Peut-être comme toutes les femmes, je ne sais pas.


Au-delà de tout, de la peur de ce qui va arriver, mais aussi de tomber enceinte, d’attraper des maladies, etc., au-delà de la douleur, de la honte, du sentiment de solitude et d’impuissance, le viol est aussi, peut-être par-dessus tout, une atteinte à ce qu’il y a de plus sacré chez l’être humain : l’effraction à la source du vivant, le forçage de ce qui est caché parce que sublime, la matrice de toute la beauté du monde – le repli secret de l’amour, le creux fertile de l’enfantement.


Une femme fabrique le beau, elle crée, elle est gaie et heureuse de faire des bébés. Une femme ne « pense jamais à mal », elle ne comprend pas la malice, elle est simple et naïve. C’est cette pureté joyeuse qui est abîmée et détruite par un viol.


Le 7 octobre, à tout cela s’est encore ajouté les viols collectifs, la menace des armes, les mutilations, le démembrement, et pour certaines, le meurtre.


Je sais bien qu’ils se sont filmés au summum de leurs cruautés pour « recruter » d’autres candidats musulmans au Jihad mondial en faisant appel à leurs plus bas instincts, à leur haine et à leurs frustrations.

Je sais qu’ils étaient drogués avant de partir pour leur campagne meurtrière.

Je sais aussi que la déshumanisation des victimes fait partie des stratégies guerrières.

Je sais qu’un lourd dossier d’accusation est en train d’être constitué pour faire justice à ces femmes attentées.

Je sais que violer une femme juive est la victoire ultime puisque ces femmes leur sont interdites. À tout le monde, d’ailleurs.


Je sais qu’ils avaient pour plan de nous faire le plus de mal possible, physiquement et moralement, pour que nous quittions notre Terre, leur « Dar el Salam ».


Mais moi, moi et j’en suis certaine tellement d’Israéliennes et de femmes juives dans le monde, cette douleur ne passe pas. Ma rage et ma tristesse mêlées ne passent pas. Elles m’empêchent de bien dormir ; elles m’empêchent, encore trois mois après, de travailler. Elles m’empêchent de faire des projets au-delà de la semaine. Mon cerveau est, jour et nuit, branché sur une fréquence suraiguë où toutes les informations accumulées passent en boucle. Et je passe ma journée à chasser les images parasites de femmes inconnues qui se débattent en hurlant dans un champ ensoleillé dans le Sud du pays, alors que je n’ai vu que ce qui était « montrable » sur I24News… Même retrouver son époux dans l’intimité est compliqué avec ces interférences malvenues quand je ferme les yeux. Pour vous aussi ?


Pour sortir de la première sidération, il m’a fallu un mois. Donner la tsedaka souvent et pour de nombreuses causes m’a aidée à avoir le sentiment d’être active et plus si impuissante. Donner des choses pour les populations déplacées, livrer des bouquets de fleurs m’a fait du bien et m’a reliée dans l’action à l’actualité. Aujourd’hui, préparer un repas pour 10 soldats chaque semaine est mon « effort de guerre » à moi. C’est ma joie d’être avec eux affectueusement en pensée pendant qu’ils se restaurent.


Lire les Tehilim et fabriquer à nos soldats des boucliers spirituels, cela me fait du bien aussi. Mais le Roi David est un homme...


Aller au mariage extraordinairement chaleureux d’un ami, au Shabbat Hatan et aux Sheva Brahot m’a littéralement déchoquée. C’était la semaine dernière. Trois mois. J’ai pu enfin m’occuper de la paperasse accumulée, des mails non lus, refaire un peu de sport, jeter de nouveau un œil sur mon projet de livre.


Mais cela ne suffit toujours pas car CELA NE PASSE PAS !

Une démarche internationale en justice ne suffira pas.


Si j’avais 20 ans je serais au front et je serais dangereuse.


Mais ce que je préfèrerais encore plus, ce serait d’être une Samouraï et d’avoir un gigantesque sabre pour "les" faucher tous et les faire disparaître de la surface du globe !


En fait, il faudrait un GESTE SYMBOLIQUE GÉANT qui réunisse toutes les FEMMES qui ressentent ces mêmes émotions. Il faut engager tout le corps et toute l’âme pour dépasser notre spleen immense… Je ne suis pas fleurs, bougies et nounours. Ni musique, peinture ou chant. Ni tambourin, encens ou méditation. Ni manif, pancarte ou performance de rue. Je ne suis pas dans la démonstration ni dans le pardon. Je suis pour CHASSER mes idées noires à grands cris. Pour pleurer en hurlant notre tristesse toutes ensemble, nous secourir dans nos bras maternels et protecteurs. Danser seules, oui, une DANSE, échevelées et transpirantes pour exsuder ces parasites mentaux des douleurs bien réelles qu’ont subies nos sœurs, nos filles, nos mères, nos amies. La moitié de l’humanité à secouer la terre sous nos talons pour la faire changer d’axe.

Je suis pour une MÉGA danse guerrière féminine, dans une clameur immense qui s’élèverait vers le Ciel. Un hurlement qui terrifie ce qui doit être terrifié chez l’homme faible et méchant, jaloux, capturant. Et pour que s’installe à jamais dans ses gènes la crainte des FEMMES quand elles sont toutes ENSEMBLE.


En attendant cette danse furieuse d’exorcisme… j’attends. J’attends que Gaza soit un tas d’immondices à raser au bulldozer et que le Canada et la Tanzanie ou je ne sais quel pays récupèrent les Gazaouis, tous complices de cette haine amorale. J’attends Machiah. J’attends Pessah. J’attends 2024, le temps de cette longue guerre. J’attends ce que vont dire nos Maîtres en Kabbalah. J’attends ce qui pourrait bouleverser la donne. J’attends la guerre mondiale que l’on nous annonce de plus en plus. Convergente entre nos Textes les plus anciens et les plus récentes analyses géostratégiques.


Banot, les filles, dites-moi ce que nous devrions faire pour venger les femmes violentées, pour changer le futur, pour nous relever et nous sentir belles, fortes, puissantes… guéries


Mon texte est passé sur LPH Info. Relayez-le auprès des femmes que vous connaissez. Nous sortirons ainsi ensemble de notre hébétude. Le texte est libre de droits.


Que ces mots nous aident à sortir de notre isolement, à fabriquer l’unité dont le Peuple a tant besoin 💛🇮🇱🙌💔 Bon courage à chacune, à nous tous.


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© 2019 Créé par Ariela Chetboun

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