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Ariela Chetboun

Israël, 15 février 2024

Ma maison respire. Elle a des ouvertures et des fermetures. Des portes et des fenêtres, des circulations. Un haut et un bas, des orientations. Même si je n’y ai pas accès, ma maison a toutes les directions. Que ce soit un palais dans le désert ou un studio sans lumière dans une banlieue urbaine, ma maison a de grandes pièces et de tous petits recoins. Il y a l’endroit où j’aime me tenir et les endroits où je ne fais que passer. Ma maison respire et elle est mon reflet. Elle est à mon image, elle me ressemble. Elle ressemble à mon sac à main et à mes cheveux : propre ou sale, bien rangée ou en désordre, pleine à craquer de choses inutiles ou juste avec ce que j’aime ou ce que j’utilise. Lumineuse ou sombre, bien éclairée ou pauvre en éclairages. Ma maison est ouverte aux autres ou refermée sur elle-même. Elle trie qui je fais entrer ou elle est dispersée, ouverte aux quatre vents. Stable, solide ou fragile et abîmée.

Ma maison est comme moi. Elle vit avec les saisons du temps et du coeur. Elle vieillit mal ou je l’entretiens bien. C’est un refuge, une planche de salut, un désert affectif ou une salle de jeux. Mais pas un théâtre ou une salle d’attente. Pas un wagon en transit, bloqué sur des rails abandonnés. Je choisis si elle doit être un simple dortoir ou un véritable lieu de vie.


De vie. Une maison n’est pas un décor. Ce n’est pas pour les autres mais pour moi. Pour moi et pour ceux qui m’accompagnent dans ma vie : mon homme, ma famille, un vieux parent, un ami qui a besoin pour quelques temps de se poser dans sa tourmente.


Ma maison a ses états. Elle reflète le mien et elle influe sur mon existence. Parfois il faut changer de lieu, parfois il faut simplement l’améliorer, « travailler » sur ma maison. Ma maison intérieure - spirituelle, mentale, psychique - et ma demeure matérielle ici-bas. Les deux.


Rien n’est jamais simple, on ne maîtrise pas tout. Ni dans la vie, ni dans sa maison. Il y a les voisins, le propriétaire, les intempéries, les camions en bas dans la rue, les poubelles, la cage d’escalier, les pannes généralisées, le bruit des autres, les odeurs des autres. Je ne maîtrise pas tout, moi la femme de cette maison qui me ressemble, mais je peux faire beaucoup pour cette maison, pour moi et pour ceux que j’aime et qui y vivent avec moi.


Et une maison « juive », c’est encore une autre dimension. Celle qui me permet d’être complètement celle que je suis. De l'entrée à la chambre à coucher, une maison juive sur Yedia

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