Forts physiquement et forts dans nos cœurs
- Ariela Chetboun
- 30 oct. 2024
- 2 min de lecture
C’est l’audace de l’opération qui nous a fait jubiler. Sa complexité. Sa parfaite réussite. Ce travail d'équipe minutieux de très longue haleine. “L’asymétrie éthique”. Le ciblage décuplé. L’instantanéité. L’effet de surprise. Nos retrouvailles avec le succès à l’israélienne. Enfin, moi, j‘étais hilare ! Comme une bonne partie du pays, quand d’autres se sont gâché ce plaisir quelque peu mêlé en s'écœurant de la réaction de la presse européenne et de l’ONU. Et puis, après deux jours de cette gaité soudaine au bout de cette épouvantable année, la 3ème guerre du Liban a commencé.

Avant les infos, je l’ai ressenti du fait des très nombreux survols fulgurants de notre armée dans l’axe sud-nord qui vrombissent au-dessus de Netanya, du moins sur son littoral. Enfin, nous attaquions ! Soulagement. Comme une cocotte-minute qui bout longtemps dont on enlève enfin le bouchon, la vapeur s'échappant furieusement. Moins de pression. Enfin, on entre dans l’action au Nord. Un poids en moins.
Nous venons en effet de passer une année à attendre. Attendre que nos otages reviennent ; puis attendre que l’on récupère leurs pauvres corps ; attendre des explications sur la déroute du 7 octobre ; attendre des armes et des munitions bloquées ; attendre des enfants qui reviennent du front ; attendre le retour des déplacés dans leurs habitations ; attendre le dévoilement du Messie… Attendre sans attendre, en vivant tout de même. L’attente comme mode de vie, l’attente en tâche de fond du cerveau dans chacune de nos activités diurnes et de nos nuits envahies par mille interférences. Une attente de moins, alors. Nous attaquons.
Cela signifie plein de choses. Que nous avons plus ou moins terminé le gros du boulot à Gaza ; que nous avons été livrés des équipements dont nous avons besoin ; que l’opération bip bip boom a eu un résultat suffisamment satisfaisant pour que l’on engage nos forces maintenant ; que nous avons une chance de parvenir à quelque chose de concret au Nord, comme nous l’avons fait au Sud. Bref, que nous pouvons imaginer une issue positive à tout ce balagan.
Maintenant, nous attendons tous la commémoration du 7 octobre - pas une cérémonie, non, mais le jalon qu’il nous faut dépasser pour nous libérer un peu plus. Nous libérer de nos illusions sur ceux que nous prenions pour des pays “amis”, pour des alliés mais qui ne l’ont en fait jamais été. Nous libérer de nos désillusions désormais. Nous libérer de nos espoirs mal placés, donc. Nous libérer de l’attente-même. Cesser d’attendre pour être dorénavant dans un humble présent, soumis à la grande Histoire qui est en train de se fabriquer à travers nos forces en action.
חזק ואמץ hazak véemats
Soyons forts physiquement et forts dans nos cœurs (Josué 1.6-18)
Le passé est une prison. Le futur, un piège. Le présent, un précieux cadeau. Puissions-nous chacun désormais goûter intensément, vivre complètement, habiter totalement le moment présent, chaque jour qui passe (22 septembre 2024).
Comments