"La Torah – dont les cinq Livres se terminent ici avec la dernière paracha du dernier Sefer – nous est parvenue intacte depuis sa rédaction par Moché Rabbenou quand il l’a couchée par écrit inspiré par l’Esprit Saint. Cette Torah est transmise ici à Josué qui, selon les Sages de la Guemara, aurait écrit les huit derniers versets, ceux du récit de la mort de Moïse. La paracha précédente avait présenté une suite de terribles malédictions qui accableront le peuple juif parce qu’il ne suivra pas les commandements divins. Zot ha Bra’ha vient maintenant consoler et rassurer les Bnéi Israël : ‘Ceci est la bénédiction dont a béni Moïse, homme de D.ieu, les Enfants d’Israël, avant sa mort’ (Deutéronome 33.1). Le « Et » de « Vé zot, Et ceci » nous renseigne qu’avec la bénédiction proprement dite vient autre chose que les Sages sauront lire entre les lignes : toute l’histoire du peuple juif jusqu’à la Délivrance. Une bénédiction qui porte également sur l’abondance de biens matériels, afin d’être libres d’étudier la Torah et de la mettre en pratique, donc une bénédiction pour mériter le monde futur".
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LIRE LA SUITE – Zot ha bra'ha
"Les Hébreux ont pu accorder leur confiance à cette bénédiction du terme de l’histoire, pour plusieurs motifs valables. En premier lieu, la bénédiction est complète ; elle n’est pas interrompue et concerne bien chaque tribu. Ensuite, Moïse est nommé ‘homme de D.ieu’ ce qui le qualifie comme étant dans l’intimité même du Divin. Ce qu’il énonce est donc nécessairement la Vérité divine, puisée dans la proximité absolue avec Hachem.
La bénédiction est aussi assurée par le mérite de ceux qui la reçoivent, les Hébreux ayant accepté toute la Torah.
Enfin, la bénédiction d’un homme avant sa mort est particulièrement efficace, car sa perception s’aiguise dans ses derniers instants : il ‘voit' clairement. Et lorsqu’un homme parfait atteint la fin de sa vie, des forces spirituelles immenses naissent en lui. Bien qu’il ne puisse plus ‘sortir et venir’ – ce que nous avions vu dans Vayele’h et qui signifiait que les sources de la Sagesse lui étaient désormais fermées – Moïse était encore à un très haut niveau de nevoua quand il a prononcé cette bénédiction qui a valeur de prophétie – au niveau des 'Quarante-Neuf Portes de la Sagesse’. Cette paracha est donc celle de la bénédiction de Moïse et de la transmission de ses pouvoirs à son successeur. Bénédictions aux douze tribus d’Israël qui résonnent avec les bénédictions de Jacob à ses fils à l’heure de son trépas. Chacun se voit confirmer dans son rôle, par rapport à son rang, à ses mérites et à la terre qu’il occupera en Erets. Cette paracha est une bénédiction de bout en bout. Elle s’achève avec la description des événements qui entourent la mort et l’enterrement de Moché Rabbenou.
'Nul n’est comme D.ieu, ô Yechouroun. Il est ton Soutien. Lui qui contrôle les cieux et dont la majesté plane au firmament' (Deutéronome 33.26). Moïse a béni une partie des tribus (Reuben, Dan et Gad) pour qu’elles soient fortes et qu’elles vainquent leurs ennemis. Une autre partie des tribus (Joseph, Zebulon, Issachar, Naftali et Acher) a été bénie de posséder une terre fertile. Enfin, une autre partie (Joseph, Levi et Benjamin) a été bénie pour le Service divin. Le Meam Loez continue : il réunit toutes ces bénédictions en une seule pour montrer que les bénédictions précédentes ne dépendaient pas du déterminisme astrologique mais de Dieu qui Contrôle les cieux. D.ieu soutiendra Israël et lui enverra rapidement ces bénédictions (…)
‘Et il n'a plus paru en Israël un prophète tel que Moïse avec qui le Seigneur avait communiqué face à face’ (Deutéronome 34.10). Sa bénédiction déclamée, Moïse monte sur le mont Nébo contempler Erets Canaan qui deviendra Erets Israël. Là, D.ieu lui renouvelle Sa promesse de donner cette Terre aux tribus d’Israël. ‘C'est donc là (cham) que mourut Moïse, le serviteur de l'Éternel, dans le pays de Moab, sur l'ordre du Seigneur’ (Deutéronome 34.5). Quel est donc ce « cham » (שם) ? Serait-ce le même ‘lointain’, ce ‘là-bas’ que Moïse a déjà visité à plusieurs reprises ? ‘Le peuple resta éloigné, tandis que Moïse s'approcha de la brume où était (cham) l’Éternel’ (Exode 20.17). ‘L'Éternel dit à Moïse : Monte vers Moi sur la montagne et y demeure (cham) : Je veux te donner les tables de pierre, la doctrine et les préceptes que J'ai écrits pour leur instruction’ (Exode 24.12).
Ces occurrences nous permettent de considérer que si Moïse était vivant cham dans la parachat Yitro, qu’il l’est encore dans le cham de Michpatim, alors il l’est toujours quand il ‘meurt’ sur le mont Nébo. D.ieu seul le sait, Qui a assisté Seul à son enterrement. Les grands tsadikim ne meurent pas. Ils sont éternellement vivants, dit la Tradition. A fortiori le plus grand d’entre eux, Moché Rabbenou._ Cham_, dans ce ‘lointain’, Moïse est toujours vivant.
Zot ha Bra’ha est lue pour la fête de Sim’ha Torah, en recommençant aussitôt avec le début de la première paracha, Berechit, pour affirmer que la Torah n’a pas de fin. Tout va d’après la fin et tout va d’après le début. C’est une boucle. La Torah se termine par la lettre lamed du mot Israël et recommence par le beth de Berechit : les deux lettres forment le mot לב lev qui signifie « cœur ». Rava explique « le Miséricordieux exige le cœur »: D.ieu demande un investissement entier, être Juif dans son cœur mais aussi observer les commandements et étudier la Torah de toute son âme et de tout son cœur. Et si la Torah commence par un beth, qui est la première lettre de bra’ha, bénédiction et qu’elle se termine par une bénédiction avec cette paracha, c’est pour nous faire passer le message suivant : D.ieu nous enjoint de poursuivre son œuvre de Création en ajoutant nos actions bénéfiques à celles du Créateur".
Illustration : Pomegranate by Natalia Leonova
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