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Entre l'âne et le boeuf : la Nativité, un mystère "joyeux" (1/3)

Pourquoi les Chrétiens ont-ils fait naître Jésus leur "Messie, Roi des Juifs" dans une étable, entre un âne et un boeuf ? La Cabale des Sphères fournit les clefs de lecture qui manquent au Chrétien, privé depuis des siècles de la logique divine. Alors, d'où vient cette iconographie pastorale qui, de représentations imagées en mises en scène, entretient le mystère - mystère qui est la marque de fabrique du christianisme : énoncer une chose que personne n'est censé comprendre mais juste accepter et croire.

Il semble bien que tout cela sorte effectivement de quelque part. Une source que toute la chrétienté a passée sous silence pendant des siècles pour mieux asseoir son pouvoir en confisquant le savoir. Une Eglise qui fait de ses fidèles des masses aimantes d'ignorants pleins d'espoir de comprendre un jour quelque chose à tout cela.


Un âne et un boeuf, mais pourquoi donc ? Car une crèche de Noël qui n'en accueillerait pas remplirait-elle pleinement sa mission de récit mythologique ? Un âne et un boeuf, donc, mais pourquoi ? Les Chrétiens se perdent en conjectures. Les exégèses les plus rustiques (leur pchat ?) "expliquent" que l'haleine chaude des deux animaux réchauffaient le nouveau-né. Mais il en faut plus pour faire symbole. Alors ils cherchent plus loin. Les "explications" les plus pernicieuses qu'ils fournissent renvoient - définitivement, c'est cela le problème - à Isaïe 1:3 :


יָדַע שׁוֹר קֹנֵהוּ וַחֲמוֹר אֵבוּס בְּעָלָיו יִשְׂרָאֵל לֹא יָדַע עַמִּי לֹא הִתְבּוֹנָן

"Le boeuf connaît Celui qui l'a acquis et l'âne, l'étable de Son maître.

Israël L'ignore : mon peuple n'en (ma traduction) a plus la vision".


Ce sont les Juifs qui détiennent les clefs de compréhension de la symbolique chrétienne, que les Chrétiens ignorent eux-mêmes. Les outils de la Cabale nous permettent en effet de lire ce verset dans ses autres dimensions. Ainsi, le boeuf (voir Houkat, la parasha sur la vache rousse) est l'animal qui symbolise la sefira Gvoura : la dureté, le Jugement, la Rigueur, le fait de poser des limites, le côté gauche et féminin.


Celui qui l'a acquis - et donc la sefira dont le boeuf procède, "au-dessus" de lui donc, c'est la Bina, la mère, la pensée analytique, la source du féminin, la capacité à procéder, l'intellect qui prévoit, anticipe, organise.


L'âne, quant à lui, de par son infinie douceur, son humilité qui confine à la bonté, l'acceptation de son état de servitude, bref son amour et sa générosité, est l'animal qui incarne le mieux la sefira 'Hessed. "L'étable de Son maître", et plus exactement là où l'âne "mange" c'est-à-dire là où Son maître (Keter, le "lieu" de la pensée divine) le nourrit, c'est la sefira 'Ho'hma. Celle-ci rassemble le principe masculin, l'intelligence fulgurante, la vision globale, la sagesse intuitive, le père, l'élan qui donne, la source de la lignée de droite.


Israël - le troisième élément du verset d'Isaïe - est l'autre nom de Jacob, le père des douze tribus. Jacob/Israël est positionné sur la ligne du milieu, ce vers quoi le monde doit tendre : Tiferet, l'état d'équilibre harmonieux entre gauche et droite, rigueur et générosité, féminin et masculin.


Le christianisme installe donc sa divinité naissante entre Justice et Amour. Jésus est censé incarner l'équilibre et remplacer Israël qui occupe cette place centrale dans l'Arbre de Vie.


Nous verrons que d'autres lectures symboliques de l'âne et du boeuf sont disponibles grâce à la Cabale.


Ainsi, un verset d'Isaïe incompris : voilà sur quoi se fonde, dans sa grande pauvreté délibérée, la toute jeune Eglise pour naître en même temps que son "Fils de D.ieu". D'une pierre deux coups : l'Eglise peut naître et elle se débarrasse de son père "Israël". Car pour la chrétienté, le judaïsme s'est arrêté aux lamentations d'Isaïe. L'Eglise veut ignorer que le judaïsme dont elle procède, Israël qu'elle renie, existe dans la pensée divine avant la Création du monde, depuis 5782 ans ici-bas et que ce peuple est indestructible, depuis qu'il est né au Mont Sinaï. Depuis que le peuple que D.ieu S'est "acquis" en le faisant sortir d'Egypte, a déclaré : "naassé vé nichma", nous ferons et nous comprendrons.


Ariela Chetboun est anthropologue et auteur. Toutes ses publications ici

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