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Ariela Chetboun

Douter, mais bâtir

“J’étais, il y a quelques temps de cela, invitée à une soirée entre universitaires à Jérusalem. Une quinzaine d’intellectuels donc, présentant toute la gamme des rapports à l’histoire de notre peuple, à la Terre et à la Torah, de gauche pour la plupart, mais laissant encore ouverte pour certains la question des Territoires. J’aime aussi ce monde, c’est mon autre famille. J’aime leurs doutes, leur sagacité, leurs questions. Et au risque de demeurer toute ma vie sur un pont, je continuerai de chercher tant auprès des pionniers, des rabbins, que des universitaires… de gauche ! Israël est toujours en construction et nous devons continuer de bâtir… pendant que nous doutons, mais aussi de douter, pendant que nous construisons Israël.

Extrait de EN ISRAËL ! CHRONIQUE D'UNE NOUVELLE IMMIGRANTE (2002). En vente sur Amazon (60 pages, 4,99 €)


Le doute est pour moi une attitude des plus saines. Il permet d’avoir une pensée toujours en mouvement, de conserver une place pour écouter l’autre, de se forger sa propre opinion et pour résumer, de rester un homo sapiens… sapiens.


Ce que je ne peux m’empêcher de noter cependant, c’est que ces quelques amis que j’ai en Israël qui ont, disons, un rapport distendu à la Torah, qui ne sont pas pratiquants, pas "religieux", ne me semblent pas heureux dans ce pays. Ils y souffrent, y ont peur, sont en état de colère permanente, détestant ceci, s'ulcérant de cela et éprouvent régulièrement le besoin impérieux de le quitter pour « se reposer », disent-ils.


C’est logique. Vivre en Israël demande un tel investissement, exige de mobiliser tant de ressources intérieures que l’on ne peut se permettre d’être faible. Pour surmonter la peine et la peur qui peuvent nous assaillir à chaque instant, il faut donc être fort. Cette force, on la construit par une vision élargie de l’avenir réconciliée avec notre passé biblique. Je sais maintenant qu’il n’y a que les convictions bien trempées aux eaux de la Torah qui sont à même de conférer cette force.


Et, pour approcher la Torah, pour y trouver la bonne façon de poser les questions et rencontrer des réponses, il faut se purifier et faire l’effort constant des mitsvot – de la cacherout, de la garde de Shabbat. Si je n’avais pas la Torah avec moi, pour m'assurer chaque jour qu’être encore Juif au XXIème siècle est un miracle en soi, une aberration historique, je ne supporterais rien de ce que je vis, je serais malheureuse tout le temps. Ce que je dis n’est pas nouveau, mais voilà, aujourd’hui, je viens de le comprendre pour moi-même.


Les Juifs ne sont pas programmés pour la haine ; il n’y a pas de place en nous pour la détestation de l’autre. Cette haine serait comme un poison qui nous détruirait de l’intérieur. Les gens qui vivent ici depuis longtemps et que je trouve les plus épanouis l’ont compris : ils vivent avec des convictions inébranlables, des actes et des paroles qui s’accordent à leur foi, mais ils n’ont laissé aucun terrain possible à la haine.


Demain peut-être je vous parlerai de cette Terre et de la force particulière qu’elle nous transmet”. Mardi 17 décembre 2002


Extrait de EN ISRAËL ! CHRONIQUE D'UNE NOUVELLE IMMIGRANTE (2002). En vente sur Amazon (60 pages, 4,99 €)

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