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Ariela Chetboun

C’est la rentrée 💼🖋️📚

Moi aussi, je suis rentrée. À la maison, en Israël. Après avoir lutté chaque jour secrètement contre mon sentiment de culpabilité d’avoir quitté le pays en temps de guerre. Alors, avant tout, j’ai envie de dire MERCI. Merci à nos soldats, les jeunes et les anciens, les professionnels et les appelés, de s'être battus pendant que j'étais à l'étranger. D’avoir lutté à chaque instant pour garder chacune de nos frontières. Et merci à la police, au personnel pénitentiaire, aux pompiers, à tous ceux qui ont fait tenir ce pays debout jusqu'à mon retour d'Europe. MERCI  Contente d'être partie, contente d'être rentrée saine et sauve, Barou’h Hachem.

Nous n'étions pas partis, mon mari et moi, pour oublier la guerre, mais pour nous renouveler et goûter un peu à une liberté nouvelle depuis que notre vieux Tobie est parti au paradis des toutous.


Depuis des mois, je n’arrivais plus à marcher ni à monter un escalier. J’avais tout essayé mais ça ne passait pas. Au fil des jours de ces vacances inattendues, je me suis rendue compte que j'étais tellement nouée que je m'étais bloquée de partout : la mâchoire, le ventre, les reins, les hanches... Je prends conscience petit à petit de cette tension qui s'était emparée de mon corps à mon insu et je m’oblige à me décontracter. Je suis loin d'être la seule Israélienne à présenter des symptômes dus aux tensions depuis le 7 octobre…


Nous rentrons avec une énergie nouvelle, après avoir vu un peu la famille en France (on ne vit vraiment pas sur la même planète !…), visité quelques vestiges mégalomaniaques de la folie impériale de notre vieil ennemi, Rome, et des aberrations architecturales de leur décadence baroque. Découvert, ahuris, que les Juifs de la capitale italienne ont réinventé le ghetto ! Tous les restos cashers sont installés dans un périmètre limité tout près de l’ancien Ghetto.

Trois trucs que j’ai adorés : les artichauts “à la juive” (entiers, frits, craquants comme des chips), la ville en patinette  et le Musée Hébraïque avec sa vaste collection de broderies somptueuses réalisées à partir de tissus de deuxième main - les Juifs du Ghetto n’ayant que le droit de faire commerce d’objets d’occasion…


La Rome d’aujourd’hui est douce et très belle. On s’y sent mille fois mieux qu'à Paris avec son affreux mobilier urbain, son stress ambiant, ses incessantes interdictions, ses personnages caricaturaux qui ne savent plus quoi inventer pour “casser les codes”…


Nous avons aussi traversé la douce Toscane juste après les moissons de blé et juste avant les vendanges. Un parangon bucolique de campagne méditerranéenne  Des haies, des vallons, des collines, des cyprès pointus et des pins maritimes ombrageux, des oliviers en terrasse, des meules de foin, des fermes bien dissimulées, des castelets audacieux, de sages vignes assoupies à midi… ombre, soleil, personne.

L’Italie provinciale est comme la France des années 1970. Nous y avons retrouvé une partie de notre enfance, la nonchalance, l’ambiance familiale, la simplicité, un certain inconfort dont on se moquait bien. C'était délicieux, comme quand on rêve pendant une sieste…


Nous avons roulé jusqu'à Livourne. Une nécessité, soudain. Je me suis sentie tellement bien dans cette ville portuaire alanguie de chaleur que je n’ai pas été étonnée d’y retrouver certains de mes ancêtres. Des Setbon en proviennent. D’ailleurs je crois bien que la recette tunisienne du poisson malin (mulet ail sel citron harissa paprika tomate) vient de Livourne ! Je l’ai retrouvée là-bas dans un livre de cuisine livournaise. Toujours à la recherche de mon arrière-grand-père Rebbi Chalom Sitbon de Sousse, Tunisie. Des pistes à suivre avec l’aide de “Il Segretario Communità Ebraica di Livorno”. Beaucoup de Modigliani dans le précieux « cimitero israelitico » là-bas. Si je n'étais pas enterrée un jour en Israël, c’est Livourne que je choisirais…


Ensuite, Pise. N’importe quoi.


Nous sommes rentrés par la Grèce, Santorin, comme beaucoup d’Israéliens pour avoir un vol de retour accessible. Un bijou sur un caillou. Oia encore plus incroyable que Fira. Azur Méditerranée et Blanc chaulé. Nous sommes rentrés avec du bleu plein les yeux, chauffés de soleil. Nous (Israël) devrions faire pareil : travailler jusqu’au bout l’architecture, le design, la décoration intérieure, nos paysages pour retrouver notre identité véritable sous ses klipot exiliques. La pierre de Jérusalem est un bon début.

Bonne rentrée à tous !


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